Flânant dans les allées paisibles d’un jardin
Dont les hôtes dormaient sous un linceul glacé,
Un couple d’âge mûr devisait du passé :
« Je n’ai pas eu d’enfant, car j’ai eu un
miroir !
Un beau portrait vivant, à mon exacte image,
Un double aussi sublime et radieux qu’un mirage ;
Quand il se brisa, je le laissai au tiroir. »
« Je n’ai pas eu d’enfant, car j’ai eu un insigne !
Premier prix exposé dans ma vaste vitrine,
Parmi les trophées, dans un écrin de feutrine ;
Je l’oubliai dans l’ombre quand il fut indigne. »
Ainsi, au fil des cordes plongeant dans la terre
Glissaient les paroles des époux solitaires,
S’éloignant du cercueil d’un enfant anodin.
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