jeudi 22 décembre 2016

Histoires Courtes - Stage Recherche "Culture en Milieu Rural" par le MRJC (17-21 décembre 2016)

Miroir Rurbain


- Julien, quarante-cinq ans, est ingénieur à Paris. Il vit avec ses deux enfants dans le 17ème. Arrondissement, hein, pas siècle ! Le 17ème siècle, ce serait plutôt le village de ses parents : Paulette, soixante-huit ans et Gérard, soixante-dix ans. Ils vivent depuis toujours à Giel-Courteilles, dans l'Orne. Là-bas, il n'y a rien à faire ; c'est la campagne, quoi ; on s'ennuie beaucoup. On est seul, et ça pue.

* Paulette, soixante-huit ans et Gérard, soixante-dix ans sont retraités à Giel-Courteilles. Leurs deux petits-enfants vivent avec leur papa à Paris dans le 17ème. Ou le 5ème ? Enfin, c'est pareil. Il est ingénieur, alors toute la petite famille est depuis des années à Paris, pour le travail. Là-bas, il n'y a rien à faire ; c'est la grande ville, quoi ; on s'ennuie beaucoup. Ah ! ça oui, on est seul, et puis ça pue !

- Ses parents ne s'intègrent pas trop : leur passion, c'est la marche à pieds. Il y a bien un club de marcheurs à Giel mais ce n'est pas pour eux ; cela coûte trop cher pour leur maigre retraite. 

* Leur fils ne s'intègre pas trop : sa passion, c'est la photo. Il a bien des clubs de photographes à Paris mais ce n'est pas pour lui ; ce qu'ils font ne vaut pas cher à ce qu'il dit.

- Alors ils marchent toute l'année, tous les deux, main dans la main, depuis cinquante ans, entre les haies, près des feuilles, frôlant les écorces. 

* Alors il revient pour les vacances, et pendant que les petits courent partout, il prend en photo les haies, une feuille, parfois il ramène un bout d'écorce.

Quoiqu'il arrive, leurs pas les ramènent toujours chez eux.

Deux sons de cloche

      Amélie est nouvelle à Giel-Courteilles ; elle est fonctionnaire et a fait ses études de secrétaire dans le Sud, dont elle est originaire, et la voici depuis quelques années débarquée en Normandie où elle va de mairie en mairie, de village en village, de temps partiel en temps partiel.
Aujourd'hui, c'est le deuxième dimanche de décembre et pas âme qui vive à Giel. Amélie décide de tromper l'ennui en allant visiter l'église de Giel, dont la crèche est réputée pour son détail et ses dimensions rares en France, surtout pour une si petite commune. En arrivant, elle rencontre André et son épouse Jeanne qui quittent les lieux, non sans avoir laissé un petit mot dans le livre d'or à l'attention des bénévoles qui font vivre depuis plus de trente ans cette fameuse crèche qui fait la fierté des villageois. La conversation s'engage entre notre nouvelle venue et nos deux anciens :

- "Autrefois, à Giel, il y avait un curé ; le curé de la paroisse. Mais ce n'est plus comme ça, maintenant, ils en mettent un seul pour sept ou huit communes, alors comment voulez-vous? Eh oui, ça c'est embêtant, du coup les gens ne vont plus à la messe! Explique André.

- Maintenant, il faut aller jusqu'à Argentan au moins, une fois par semaine, en voiture... Renchérit Jeanne.

- Pour la messe? Demande Amélie.

- La messe? Mais non, pour les courses !

- Euh... Les courses?

- Ben oui ! Puisque les gens ne vont plus à la messe, il n'y a plus de sortie de messe! Et le boucher, où est-ce qu'il va vendre sa marchandise? Avant, il montait son étal à la sortie de la messe, et comme ça, il vendait à cinquante personnes d'un coup. Aujourd'hui, il ne peut plus. Alors il a mis la clé sous la porte.

- Je vois. Et la première boucherie...

- ... est à Argentan. Au supermarché. Ça fait loin !

- Obligés d'y aller en voiture. Complète Jeanne.

- C'est vrai que ça fait loin. Finalement, ce qui vous manque c'est un supermarché qui soit plus près.

Les deux anciens se taisent et se regardent, abasourdis.

- Mais non, vous n'avez rien écouté? C'est un curé qu'il nous faut !

samedi 30 juillet 2016

Exode

Que manque-t-il à nos esprits
Qui les transporte aux premiers vents
Loin des chemins, des champs, des rues
Qu’ils n’ont pas encor parcouru
A force d’aller droit devant
En attendant d’être surpris ?

Que manque-t-il à nos mémoires
Qui ne retiennent du voyage
Que la marche vers l’avenir
En construisant des souvenirs
Les yeux fermés aux paysages
Qu’elles traversent sans les voir ?

Que manque-t-il à nos bonheurs
Qui ne s’épanouisse à nos pieds
Qui ne soit dit par la mésange
Aussi bien que chantent les anges
Que persistons-nous à épier
Qui ne soit déjà dans nos cœurs ?


vendredi 29 juillet 2016

Une fois

N'avoir qu'une rencontre pour


Tenter ma chance
A ton jeu
 Dédier mes doigts
A tes vœux
 Chauffer nos voix
A ce feu
 Passer en transe
A l’aveu


C’est le courage d'oser, un jour


Murmurer aussi près
Que les cieux
 Voyager aussi loin
Que nos yeux
 Se pardonner pas moins
Que les Dieux
 Se faire aussi discret
Qu’un adieu